mardi 19 février 2013

Cristal



"Si nous jetons un cristal par terre, il se brise, mais pas arbitrairement, il se casse alors suivant ses plans de clivage, en des morceaux dont la délimitation, bien qu'invisible, était cependant déterminée à l'avance par la structure du cristal. De telles structures fissurées et éclatées, c'est aussi ce que sont les malades mentaux."


Freud. Nouvelle suite des leçons d'introduction à la psychanalyse, PUF, Quadrige, 2010, p.60

lundi 18 février 2013

Roues de l'être




"Il n'avait pas envie de pleurer  - ne s'était jamais de sa vie moins senti envie de pleurer - quand tout à coup des larmes faciles et bêtes ruisselèrent le long de son nez, et il sentit avec un déclenchement presque perceptible les roues de son être s'emboîter de nouveau sur le monde extérieur. Les choses qui, un instant auparavant, traversaient le globe de ses yeux sans rien signifier reprirent des proportions convenables. Les routes étaient faites pour y marcher, les maisons pour y vivre, le bétail pour être mené, le sol pour être cultivé et les hommmes et les femmes pour leur parler. Ils étaient tous réels et bien vivants - solidement plantés sur leurs pieds - parfaitement intelligibles - argile de son argile, ni pus ni moins. Il se secoua comme un chien a qui a une puce à l'oreille, et s'en alla errer au-delà de la barrière."

Kipling, Kim, ch. XV (ed. folio, trad. Louis Fabulet et Charles Fountaine Walker)

"He did not want to cry—had never felt less like crying in his life—but of a sudden easy, stupid tears trickled down his nose, and with an almost audible click he felt the wheels of his being lock up anew on the world without. Things that rode meaningless on the eyeball an instant before slid into proper proportion. Roads were meant to be walked upon, houses to be lived in, cattle to be driven, fields to be tilled, and men and women to be talked to. They were all real and true—solidly planted upon the feet—perfectly comprehensible—clay of his clay, neither more nor less. He shook himself like a dog with a flea in his ear, and rambled out of the gate."

dimanche 10 février 2013

De la trajectoire des fleurs de cerisier en papier




Tamasaburo ne décide pas seul. Le mois suivant, il se rend à Tokyo pour négocier les conditions avec la Shochiku. Elles seront drastiques. Techniques, d'abord. Instruments, costumes, mais aussi la plupart des décors doivent être transportés du Japon. "Ses exigences de perfection sont telles qu'il était impossible de lui offrir un plancher satisfaisant : il fallait un son, une élasticité, une sensation particulière", se rappelle Jean-Luc Choplin. Les Japonais laisseront les ateliers du Châtelet produire quelques toiles peintes ou encore une grande cloche de métal. Mais pas les fleurs de cerisier en papier. "La trajectoire quand elles tombent de l'arbre est trop importante, on ne pouvait pas prendre de risque", précise Mio Teycheney-Takashiro.



"Ce qu'il en coûte de faire venir un demi-dieu à Paris" par Nathaniel Herzberg. Le Monde, 7 février 2013. A  propos du Pavillon aux pivoines, mis en scène et interprété par Tamasaburo Bando.